Le Choeur des femmes - Martin Winckler

Le Choeur des femmes... est un livre que j'ai trouvé très mal écrit. Mais mal écrit au sens littéraire du terme. Son auteur, Martin Winckler (je crois que c'est un pseudo), est d'ailleurs plus un docteur qu'un auteur. Mais à la lecture de ce livre, on se dit que ce docteur/auteur a bien fait d'écrire ce pavé. Et que même si l'on n'apprécie pas ses talents d'écrivain, on aimerait bien, toutes, au moins une fois, avoir un docteur au bout de la rue qui soit capable du quart de compréhension de Martin Winckler.

Je m'explique: dans Le Choeur des femmes, Martin Winckler nous raconte le quotidien de Franz Karma, généraliste, qui dirige une unité réservée aux femmes. Il accueille un jour une interne, Jean (prononcez Djinn), qui va être pour le moins surprise de ses méthodes. En tout premier lieu sont placés l'écoute et la psychologie. Petit exemple: pourquoi un gynécologue demande-t-il systématiquement à une jeune fille qui veut la pilulle si elle a des rapports sexuels. Si elle vient demander la pillule, si elle a pris cette initiative, c'est qu'elle en a besoin, donc qu'elle a des rapports ou qu'elle a l'intention d'en avoir. Point. Et ce n'est qu'un exemple, anecdotique, parmi d'autres, plus graves, à vous écoeurer de la médecine et des pratiques des médecins.

Leur désir de toute puissance, la manière de tout savoir, le non-soutien aux femmes en difficulté, souvent bizarrement parce qu'elles sont en difficulté et que leur rendez-vous risqueraient de prendre trop de temps.

C'en est d'autant plus choquant que Martin Winckler n'est pas au départ romancier mais qu'il est lui même médecin. Du coup, on se dit que la fiction s'arrête vite, et que le reste n'est que réalité. Que tous les faits relatés, toutes les pratiques douteuses, les opérations sur les bébés interséxués ou juste le fait de ne pas croire une fille qui serait tombée enceinte sous pilulle et qui doit du coup avorter trois fois...tout cela serait vrai. Personnellement ça ne m'a pas étonnée plus que ça. Dégoûtée un peu plus, ça oui.

Le style ne m'a pas plu et pourtant j'ai eu un mal fou à lâcher ce livre. Je voulais en savoir toujours plus. Bien contente tout de même d'arriver à la fin parce qu'à force de vouloir en savoir plus, on apprend des choses qu'on aurait aimé ne pas savoir. Je serais maintenant curieuse de savoir comment Martin Winckler a vécu la parution de ce livre. S'il y a eu des revendications de la part de médecins ou gynécologues qui se seraient reconnus dans les portraits dressés dans Le Choeur des femmes. Peut-être qu'ils ne se sont tout bonnement pas reconnus (pour ma part, j'y ai reconnu les trois ou quatres gynécos, un rhumato, et un chirurgien que j'ai eu l'occasion de consulter) ou alors tout le monde s'en fout.

Je crois que ce livre peut intéresser toute personne un peu à même de se révolter contre les aberrations humaines du monde moderne.